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Polyamour ou polyarnaque? Une solution aux troubles de l'attachement?

  • Photo du rédacteur: Florence
    Florence
  • 6 janv.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 mars



Peut-être avez-vous déjà rencontré, ou reconnaitrez-vous en vous-même, une personne montrant des symptômes de troubles de l'attachement.

On en dégage deux types principaux: l'attachement évitant et l'attachement anxieux, que l'on peut parfois observer combinés. Ces deux types d'attachement insécures trouvent généralement leur origine dans l'enfance, nos premières figures d'attachement étant nos figures parentales, supposées être nos premiers vecteurs de sécurité sur tous les plans.

L'attachement anxieux est caractérisé par une estime de soi et un amour de soi très fluctuant voire inexistant, dépendant de sources extérieures de reconnaissance. Dans la relation amoureuse, l'autre passe avant soi puisqu'il devient très rapidement le grand fournisseur d'attention et d'amour, le baromètre permanent de la valeur de l'anxieux à ses propres yeux. Obtenir l'intérêt et les faveurs du, ou de la, partenaire devient alors vital pour le sujet, qui aura une propension certaine au sacrifice et/ou à la soumission. En effet, être ignoré ou négligé par l'autre, ne pas être le, ou la, préféré, est absolument intolérable car source d'une angoisse immense, celle d'être abandonné, ce qui confirmerait la croyance souvent inconsciente de ne pas être digne d'exister. On trouvera dans ce groupe les jaloux et jalouses pathologiques convaincus que n'importe quelle personne est mieux qu'eux et vivant d'une part, dans la peur permanente d'être délaissés et d'autre part, dans la souffrance quotidienne d'une comparaison aux autres tendant à amplifier leur faible estime d'eux-mêmes. Ce sont là les fameux dépendants affectifs, pour lesquels tout propos ou comportement peut-être interprété d'une manière déformée et douloureuse, validant l'hypervigilance dont ils font preuve au quotidien dans leurs relations car voyez-vous, ils ne valent rien, "on" va les trahir ou les abandonner, c'est certain!

Vous l'aurez compris, pour ces personnes dont l'attachement est anxieux, les relations monogames ne sont pas simples. Leur bien-être repose en grande partie sur les faits et gestes de leur partenaire, au risque que ce dernier se sente étouffé par leurs attentes, leurs drames et le pouvoir démesuré qu'ils lui octroient sur leur état de bien-être.

On comprend aisément en quoi le polyamour peut être un modèle potentiellement salvateur pour l'anxieux. Quoi de mieux qu'une source unique d'amour et de sécurité? Plusieurs sources d'amour et de sécurité. Notre sujet a ainsi une preuve d'à quel point il est aimable et valable, même s'il ne s'agit que d'une ré-assurance de surface, car exogène et donc incapable de guérir sa blessure en profondeur et sur le long terme.

De plus, si un partenaire quitte notre anxieux, aussi contrariant que cela puisse être, les dommages pourront être grandement minimisés par la présence des autres partenaires. La répartition de sa dépendance affective pourra en effet diminuer l'impact émotionnel des conflits potentiels. Son ego blessé pourra s'accrocher aux autres partenaires, qui seront là pour le consoler et prendre le relai affectif.

Notons également que le modèle polyamoureux du couple libre peut ici avoir un impact bénéfique comme délétère. La peur d'être abandonné ou trahi peut motiver l'anxieux à aller vers l'ouverture du couple afin d'obtenir une forme de transparence et ainsi l'illusion sécurisante de contrôler le paysage relationnel de son autre. Cependant, si l'impulsion à la comparaison et cette même peur de l'abandon prennent le dessus, les scènes de jalousie n'en finiront plus. Les autres partenaires étant perçus comme forcément mieux que le sujet, ce dernier sera convaincu qu'il finira abandonné et les crises qui en découleront risquent fort de lui donner raison.

Puis vient l'attachement dit évitant qui, comme son nom l'indique, consiste en l'évitement de l'investissement émotionnel. S'ouvrir à l'intimité est ici synonyme de danger et s'attacher est une promesse de rejet supposée qui interdit ici toute forme d'intimité psychique et donc de réel engagement. On observe des sujets distants, s'empressant de se rejeter eux-mêmes afin de ne pas être rejetés par les autres et trouvant toutes les excuses imaginables pour fuir. L'autre est perçu comme insécurisant par essence et il leur est très difficile de faire confiance là où la déception est anticipée et vue comme inexorable. On peut voir des évitants qui, plutôt que de chercher à obtenir de l'aide extérieure, préféreront ne compter que sur eux-mêmes dans la vie. Demander de l'aide signifie s'ouvrir à recevoir et s'ouvrir signifie être vulnérable. La crainte d'être déçus et de souffrir les poussera alors vers une solitude rassurante, qui ne doit rien à personne. On peut également trouver chez les évitants de grandes exigences et une intransigeance marquée quand aux autres. Il ne s'agit pas tant de perfectionnisme que d'un examen attentif visant à détecter chez l'autre le moindre défaut, le moindre danger afin de justifier à nouveau, la fuite.

Qu'en est-il du polyamour pour le sujet évitant? La multiplication des partenaires amoureux peut être une stratégie d'évitement sans fin, une accumulation de relations qui ne seront jamais approfondies. Tisser des liens intimes, physiquement mais surtout émotionnellement et psychiquement, ça prend du temps. Or, lorsque l'agenda relationnel est bien chargé, le temps consacré à chaque partenaire est limité. Cette limitation d'investissement en temps, mais aussi en énergie et en attention, convoquée par la pseudo-obligation d'être disponible pour chaque partenaire, peut ainsi être très confortable pour l'évitant. Il trouvera ainsi l'alibi parfait à sa distance, chaque rupture et changement de partenaire qu'il n'aurait pas initié le confortant dans l'idée qu'il ne faut pas s'engager. De plus, si notre évitant se surprend à s'attacher en excès à un ou une partenaire, ce qui pour lui est absolument terrifiant, il pourra réguler cet attachement en consacrant plus de son attention aux autres partenaires et ainsi favoriser le détachement.(...)


"PolyAmour, ou polyArnaque?" Tous droits réservés Florence Fourtou 2024




 
 
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