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Des pénis et des hommes

  • Photo du rédacteur: Florence
    Florence
  • 13 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 mars


Ah! Ce membre sacré que l'on voit érigé sur des autels de temples en Asie orientale, vénéré en Inde et si controversé en Occident! Il est tantôt symbole de fertilité et de puissance, objet de fantasmes et de désir, tantôt arme potentielle de domination des corps et des esprits.

Mais c'est une femme cisgenre qui vous le dit donc non, je n'ai point de pénis entre les jambes.

Et pourtant, j'ai envie de vous parler de ce fameux phallus et de soulever une différence majeure dans notre rapport à celui-ci, selon que l'on en soit doté ou pas.

En tant que femme, notre première rencontre réelle, tactile avec cet organe masculin se fait généralement dans le cadre de nos premières expériences sexuelles relationnelles. Même s'il nous est de plus en plus familier alors que nous entrons en intimité avec le sexe opposé, ses incursions dans nos existences restent exceptionnelles lorsque l'on pense qu'un homme, lui, l'a en permanence entre ses jambes et ce, depuis toujours.

Je vous invite mesdames à faire un exercice. Juste, imaginez.

Vous êtes un tout petit garçon. Comme tout enfant, vous découvrez votre enveloppe, vous construisez votre schéma corporel. Il y a ce truc qui dépasse là, tout en bas du ventre, qui a une consistance et une forme qui contrastent avec le reste de votre corps. Il est là, accessible H24, à portée de main. Que faîtes vous en tant qu'enfant qui découvre? Vous jouez avec bien sûr! Vous le touchez, le malaxer, vous tirer joyeusement sur cette nouille et ces boulettes. Sans compter que, plusieurs fois par jour, tous les jours, ce robinet magique vous offre une sensation de soulagement à chaque vidange vésicale, et que l'on va même vous apprendre à le tenir comme il faut, et ainsi à maîtriser la technique ancestrale du "pisser debout proprement". Ce sont encore des heures de jeu qui s'annoncent! On vise des arbres, des cailloux, des fourmis, on dessine des formes avec le jet d'urine ou on joue à pisser le plus loin possible tout en veillant à ne pas souiller son pantalon. Ainsi se tissent les liens entre le petit garçon et son zizi, cette excroissance qui le différencie des petites filles.

Jusque là tout va bien, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et elle se plaît parfois à nous enseigner par la douleur.

Il est fort possible qu'un jour, en chahutant, le drame survienne: un coup asséné accidentellement à vos roubignolles, une douleur intense et vous voilà, le souffle coupé, cloué au sol. Une minute de silence s'en suit. Quelle injustice! Quelle infâmie! A l'évidence, votre corps est vulnérable et tout particulièrement, cette zone-ci.

Bien plus qu'une partie de votre corps tout aussi utile que fragile, Popol est un ami fidèle, un compagnon d'activités ludiques qui est toujours là et qu'il vous faut manifestement protéger à tout prix des éventuelles agressions extérieures.

Voilà généralement comment débute la relation d'un homme à sa zigounette et ses noisettes.

Puis en grandissant, il découvre que tripoter son ami du slip lui procure des sensations agréables. C'est là, c'est facile et c'est gratuit. Les hormones font leur chemin et l'adolescent joue de plus en plus avec son ami bite, parfois trop souvent, parfois frénétiquement. Le jeu a perdu en innocence, il sait désormais ce qu'est la masturbation. Elle doit se faire en toute discrétion, il faut anticiper l'éjaculation, ne pas laisser de preuves de cette action qui même si elle n'est pas honteuse et il faut le dire, très plaisante, doit rester dans la sphère personnelle de l'intime.

La puberté peut être inconfortable, voire même cruelle. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a un certain sens de l'humour. Voilà que ce manche jadis docile décide de se dresser à des moments absolument inappropriés: braquemard en salle de classe au moment de passer au tableau, trique surprise en attendant le bus. Même si a posteriori, on rit de cette situation, sur le moment, ce n'est pas drôle du tout. Il faut trouver une parade, se cacher comme on le peut, apprivoiser cet appendice rebelle qui se réveille quand il le veut.

Le cercle amical mâle mûrissant lui aussi, les médias n'aidant pas, viennent la comparaison et les questionnements quand à la normalité de son anatomie, de sa taille et de sa forme. Selon le niveau d'aisance corporelle et d'estime de soi du sujet, ce peut être une véritable source d'angoisse ayant un impact sur son bien-être psychique et sa construction identitaire en tant qu'homme.

Jusqu'à arriver à ce moment fatidique, ce premier coït tant fantasmé et le plus souvent décevant de par sa durée et de toute la maladresse qu'implique la nouveauté.

Il y a évidemment bien plus à en dire, les conditionnements et injonctions familiales et sociétales venant sculpter la vision de la sexualité et de la place que devrait ou ne devrait pas occuper le masculin.

Le sujet prend de plus en plus de place dans l'actualité, même si l'extrémisme, masculiniste comme féministe, a toujours existé.

Peut-être écrirai je à nouveau sur ce sujet, ou peut-être sur l'expérience inverse.

Car si ce monde tend à faire des hommes et des femmes des ennemis pétris de "Je t'aime, moi non plus", notre humanité nous rassemble bien plus que nos différences ne nous divisent et parfois, il suffit juste de vraiment, ne serait-ce qu'une fois, se mettre à la place de l'autre.


 Tous droits réservés Florence Fourtou 2025


 
 
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